1/ Le conflit fait-il partie de la vie ?
Le "Nous conflictuel" - comme l'appelle l'Université du Nous - est une phase que les groupes préfèrent généralement éviter, car la notion de conflit est souvent perçue comme quelque chose à proscrire, comme quelque chose de mal. Pourtant le conflit dans un groupe est aussi inévitable que souhaitable, puisque bien géré, il peut parfaitement s'avérer fécond.
Pour celles et ceux intéressé·e·s par les différentes étapes qu'un groupe est habituellement amené à traverser au cours de son évolution, ci-dessous une super vidéo qui les synthétise avec brio :
En ce qui concerne notre association Facilit&Co, après un peu plus d'un an d'existence nous avons effectivement rencontré nos premières tensions. Ici, le mot tension sert précisément à désigner l'inconfort ressenti entre ce qui existe et ce qui pourrait être ; la gêne vécue vient en définitive du pressentiment ou de la certitude que l'on pourrait faire mieux.
Eh oui, tandis que nous avions fonctionné jusqu'à présent sur le modèle terriblement efficace de la "do-ocratie" (celui qui fait a systématiquement le dernier mot), certain·e·s d'entre nous avons commencé à en voir les limites, telle qu'une surcharge de travail pour les uns contre une démotivation pour les autres.
Un besoin de réorganisation était en train de pointer le bout de son nez. Alors, qu'avons-nous fait ?
2/ Un atelier pour exprimer les tensions (Fiche outil)
Pour faciliter l'expression des tensions existantes au sein de Facilit&Co, nous nous sommes appuyé·e·s sur l'atelier "Et toi comment tu te sens ?" que nous avons découvert sur le site de l'association Solucracy (qui partage nombre de ressources autour de la participation citoyenne sous licence CC-by-SA).
Celui-ci se prêtait en effet à notre contexte, à savoir un petit groupe de 6 personnes, qui se connaissent d'ores et déjà plutôt bien. En ce qui nous concerne, les tâches récurrentes et ponctuelles sont également assez bien identifiées, notamment grâce à nos commissions, d'où la possibilité de faire tenir l'atelier sur 1h.
Voici le déroulé de l'atelier, la "fiche outil", que vous pouvez télécharger ci-dessous en format PDF si besoin :
Seul bémol : cet atelier ne permet pas de traiter les tensions, seulement de les mettre à plat. Afin de capitaliser au mieux sur le travail effectué, l'on peut ensuite envisager d'enchaîner par exemple sur ce que l'Instant Z - un réseau de professionnels de la gouvernance partagée - appelle une "réunion de réorganisation".
D'accord, mais quel rapport avec la transition écologique ?
Nous voyons quasiment tous les jours que l'intérêt individuel n'est pas forcément aligné avec l'intérêt général (cf. illustration de Fanny Vella ci-dessous). Au sein de Facilit&Co, nous sommes ainsi quelques un·e·s à penser que faire advenir la transition écologique (ou "bifurcation socioécologique") demande nécessairement de créer un monde nettement plus coopératif.
Pour être plus spécifique ou "scientifique", avec son expérience "Super Chicken Model" le professeur William Muir de l'Université Purdue a brillamment mis en évidence que trop de compétition nuit parfois à la collectivité. Pourquoi ? Parce que trop de compétition engendre des comportements égoïstes et belliqueux.
Saviez-vous que lorsque dans un élevage de poules l'on sélectionne les plus productives (i.e. celles qui pondent le plus), on constate que la productivité globale finit par décroître ? Il s'avère que celles qui sont le plus productives, le sont parce qu'elles tirent des avantages à embêter et blesser leurs congénères. D'où le déclin constaté à l'échelle du groupe. [Depuis cette découverte, bien qu'hélas pour des raisons pécuniaires, ce sont les poules aux comportements coopératifs qui sont désormais préférées pour l'élevage.]
Bref, pour que la transition écologique advienne, nous croyons donc sincèrement qu'il nous faut développer davantage la coopération dans nos vies, en apprenant notamment à mieux gérer les conflits, et d'où l'importance que nous accordons aux méthodes de facilitation. Notons au passage, que nous nous retrouvons dès lors à contre-courant de la pensée économique dominante, qui promeut l'homo economicus (l'être humain serait par nature égoïste) et la main invisible (laissez-faire nos égoïsmes et poursuivre le profit serait la meilleure façon de nous développer). Nous ne pouvons par conséquent que déplorer une si piètre hauteur de vue, vraisemblablement à l'origine des troubles sociaux et écologiques actuels.
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Si découvrir des logiques économiques alternatives à celle du capitalisme financier vous intéresse, j'ai créé avec Ammoneo un atelier participatif intitulé “La Fresque de l'économie politique”, au cours duquel l'on identifie les principaux leviers à actionner afin de faire advenir un monde plus juste et davantage coopératif.
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